Petit raccourci d'Analyse Financière

 

Comment appréhender la réalité économique et financière d'une entreprise à partir des chiffres qu'elle fournit ? C'est tout l'objet de l'analyse financière. Aujourd'hui, les sites internet des sociétés vous donnent accès à une masse très importante d'information sur les sociétés. Mieux, vous avez désormais accès à un résumé des comptes sur plusieurs années, voire une décennie. Il n'est pas inutile de rappeler quelques éléments d'analyse financière qui reste le socle à partir duquel vous choisirez les valeurs de votre portefeuille

 

Le Bilan et le Compte de Résultat constituent la matière première de votre analyse. Le premier est une photographie patrimoniale de l'entreprise à une date donnée (en général deux fois par an). Il permet d'apprécier sa solidité et sa solvabilité. Le compte de résultat récapitule l'ensemble des recettes (produits) et des dépenses (charges) de l'entreprise pendant un exercice. Il donne également des indications sur la croissance et l'évolution de la rentabilité de la société ; autant d'éléments essentiels dans le choix d'une valeur. Autre outil qui prend de plus en plus d'importance, le Tableau de Flux de Trésorerie mesure la disponibilité financière de l'entreprise.

 

Analyser le Bilan

Analyser le Compte de résultat

L'étude de la marge

Dividendes et fonds propres

Il faut comparer

Quelques définitions et ratios utiles

Qu'est-ce que des comptes consolidés ?

30 minutes pour 7 questions

 


 

Analyser le Bilan 

Quelles sont les ressources de l'entreprise ? Vous trouverez cette information au Passif du Bilan :  

  • Les fonds (ou capitaux) propres sont constitués du Capital (versements initiaux des fondateurs plus augmentations ultérieures) et des Réserves accumulées par les bénéfices non distribués aux actionnaires. Il en résulte que plus la marge bénéficiaire est élevée, plus ils s'apprécient. Evidemment, encas de pertes, les Réserves diminuent.

 

  • Les dettes, qu'elles soient financières (auprès des banques) ou d'exploitation (fournisseurs, dettes fiscales et sociales…) sont l'autre source principale de financement de l'entreprise. Il faut distinguer les dettes à court terme (moins d'un an) de celles à long terme. Les premières servent à financer l'activité courante. Les secondes sont structurelles. Elles ont été contractées pour réaliser un investissement lourd.

 

Comment ces ressources sont-elles employées ? C'est ce que décrit l'Actif du Bilan. C'est l'ensemble des biens, des créances et des disponibilités détenues par l'entreprise.



Le Bilan est une mine de renseignements indispensables sur la santé financière et la valeur de la société.

  • On peut ainsi s'assurer que la société n'est pas trop endettée et dispose d'une trésorerie suffisante pour payer sa dette. On calcule alors le ratio d'endettement (voir les formules en encadré) – ou gearing – qui ne doit pas, en théorie, excéder 60 %. Au-delà, l'endettement est sans doute trop lourd. Toutefois, un ratio supérieur n'est pas forcément inquiétant si, par exemple, il résulte d'une acquisition importante. Il faut alors considérer les synergies que la société pourra en tirer. Ainsi, dans son offre sur Electrabel, Suez a limité le recours à l'endettement pour maintenir son ratio au-dessous de 100 %, un niveau jugé raisonnable, compte tenu de son secteur d'activité et de la faiblesse des taux d'intérêt.

 

  • Actif net, fonds propres sont des expressions synonymes qui désignent la valeur comptable de l'entreprise. La division de cette valeur par le nombre total d'actions donne l'actif net par action que l'on pourra comparer au cours de Bourse pour avoir une indication de décote ou de surcote.

 

  • L'autofinancement mesure l'épargne effective de la société à la fin de l'exercice. Le rapport entre l'endettement financier net et l'autofinancement indique son aptitude à rembourser ses dettes.

En période de forte variation des bénéfices, la Marge brute d'autofinancement (MBA) est souvent plus révélatrice que le résultat net sur la capacité d'une entreprise à dégager des excédents. La marge nette (c'est-à-dire la MBA moins les dividendes versés) correspond aux disponibilités de la société pour rembourser sa dette, investir et procéder à des acquisitions.

Le ratio dettes à moyen long terme sur MBA indique le nombre d'années nécessaires pour annuler l'endettement. On considère que le résultat ne doit pas dépasser 3 voire 5 ans. En fait, il vaut mieux raisonner à partir de la Capacité d'autofinancement libre (ou Free Cash Flow) qui équivaut à la marge nette moins les investissements industriels et la variation du Besoin en fonds de roulement (BFR). Ce dernier mesure l'écart entre les besoins et les ressources dégagées par l'exploitation.

 

Analyser le Compte de résultat

Il établit l'ensemble des produits et des charges de la société pendant une période donnée, la différence déterminant s'il y a bénéfice ou perte. Contrairement au Bilan qui est une photographie à une date donnée, le CR retrace l'activité de l'année (on dit de l'exercice) écoulée. Il faut bien distinguer trois parties : l'exploitation, le financier et l'exceptionnel.

  • Le résultat d'exploitation, différence entre les recettes et les dépenses courantes, formalise le bénéfice ou la perte résultant de l'activité. C'est l'indicateur fondamental de la rentabilité d'une entreprise. Les entreprises mettent de plus en plus souvent en relief l'excédent brut d'exploitation (EBE) qui ne tient pas compte des dotations aux amortissements. Cet EBE correspond en gros à l'EBITDA cher aux anglo-saxons.
  • Un résultat financier (produits moins charges financières) positif indique que la société dispose d'une trésorerie abondante et qu'elle est peu endettée. Ensemble, les résultats d'exploitation et financier donnent le résultat courant avant impôt.

Les rôles respectifs de l'exploitation et du financier dans la construction du résultat sont riches d'enseignements : des entreprises saines sur le plan de l'exploitation peuvent réduire, voire annuler leur bénéfice net à cause de charges financières très lourdes. Avec un résultat d'exploitation de 256 M€ en 2004 et une perte financière de 437millions, Eurotunnel constitue un cas d'école.

  • Le résultat exceptionnel récapitule les opérations non liées à l'exploitation (cessions, coûts de restructuration…). Attention : un bénéfice ou une perte exceptionnels peuvent avoir un impact élevé sur le résultat. Pour autant, il n'a pas vocation à être récurrent et ne peut servir de base à des prévisions.

Quant au résultat net, il s'obtient en retranchant l'impôt et le résultat exceptionnel du résultat courant. Divisé par le nombre d'actions, ce résultat, quand il est positif, fournit le bénéfice net par action (BNPA). Une croissance régulière dans le temps de cet indicateur peut notamment inciter à se porter acquéreur de la valeur !

C'est en rapprochant certains postes du Compte de résultat, voire avec certains postes du Bilan, que l'on retire les enseignements les plus riches.

 


L'étude de la marge

Les différentes composantes du résultat rapportées habilement au chiffre d'affaires donnent des indications essentielles sur l'évolution de la rentabilité et de la croissance de l'entreprise.
Instinctivement, l'investisseur s'intéresse au bénéfice net qui, rapporté au chiffre d'affaires, lui donne la marge nette de l'entreprise. Il faut toujours s'attacher à y dissocier les éléments exceptionnels qui ne relèvent pas de l'exploitation courante et qui peuvent dénaturer le chiffre qui se trouve tout en bas du Compte de résultat (le Botton line des Anglo-saxons).

Un indicateur est souvent beaucoup plus instructif : le résultat d'exploitation ou, plus précisément, l'excédent brut d'exploitation. En effet, cet indicateur mesure la rentabilité réelle de l'activité car il retire de la marge nette les dotations aux amortissements, les frais financiers et les impôts. La marge d'exploitation est donc souvent étudiée de près par les investisseurs car elle permet de mettre en perspective une amélioration ou une détérioration de la rentabilité, toujours liée à la productivité.


Dividendes et fonds propres

Autre information à observer : le taux de distribution (ou payout ratio). Rapport entre les dividendes et le bénéfice net, il donne une indication sur la politique de distribution de la société. En principe, l'évolution de ces dividendes doit être conforme à celle des bénéfices.
La part des bénéfices qui n'est pas distribuée est mise en réserve et renforcent ainsi les fonds propres de l'entreprise. Il convient alors d'observer comment ces sommes sont investies. On se rapportera alors au ratio de rentabilité des capitaux propres qui est obtenu en divisant le résultat net par les capitaux propres (capital + réserves). On peut aussi s'intéresser au ratio de rentabilité des capitaux permanents (fonds propres + dettes à long terme). Ces deux ratios permettent d'évaluer la rentabilité des fonds investis par les actionnaires.

Les entreprises mènent fréquemment des politiques de lissage des dividendes. Elles consistent à maintenir leur niveau en période de baisse des bénéfices, voire même en cas de pertes, mais, à l'inverse, à les faire moins progresser que les bénéfices. De manière générale, les entreprises ont une politique cohérente de distribution et tentent de maintenir un taux plus ou moins constant quels que soient les aléas.

 


Il faut comparer

Notez que quels que soient les ratios que vous utiliserez (ratios de rentabilité, ratios de structure financière, ratio d'activité, ratio de liquidité…), ceux-ci ne vous fourniront d'informations pertinentes que dans la mesure où ils sont étudiés dans une optique comparative.
Une mise en perspective sur plusieurs exercices vous permettra bien souvent de dégager une tendance. Une étude menée entre sociétés du même secteur, à structures comparables, sera également particulièrement intéressante pour vous faire une opinion sur la valeur que vous étudiez.


Quelques définitions et ratios utiles

Capitaux propres = Capital + Réserves ou Actif total – Dettes = Actif net

Marge brute d'autofinancement =Bénéfice net + amortissements et provisions

Marge nette d'autofinancement = MBA – dividendes versés

Besoin en fonds de roulement = Actifs d'exploitation – Dettes d'exploitation

Ratio d'endettement = dettes à moyen longterme (plus d'un an) / capitaux propres

Coût de la dette = Frais financiers /dettes financières

Solidité du Bilan = Actif immobilisé / Total Bilan

Marge de manœuvre financière =investissements / capacité d'autofinancement

Rentabilité des opérations =Résultat / Chiffre d'affaires

Rentabilité des capitaux propres =Résultat net / capitaux propres

Richesse produite = Valeur ajoutée (ventes –produits consommés) / Chiffre d'affaires

Qu'est-ce que des comptes consolidés ?

Ce sont les comptes agrégés d'une société qui détient une ou plusieurs filiales. Seuls ces comptes permettent de traduire la physionomie financière d'un groupe. Ce sont eux que vous retrouvez dans le rapport annuel et sur lesquels travaillent les analystes. Depuis cette année, toutes les sociétés cotées doivent les établir en respectant les normes comptables internationales IFRS.

 


30 minutes pour 7 questions

Il est indispensable que vous étudiiez les comptes d'une entreprise pour une raison simple : vous devez décider d'acheter, de conserver ou de vendre son action. Pour prendre une décision en toute connaissance de cause, un investisseur prudent examine comment se comportent sept indicateurs fondamentaux :

1.       la croissance récente et probable des ventes

2.       la croissance récente et probable des bénéfices

3.       la part des bénéfices réinvestis

4.       le poids de la dette

5.       la capacité des actifs à générer des ventes

6.       la capacité de transformer ces ventes en profits

7.       la relation entre ces profits et le prix de l'action

 

Comprendre la signification de ces indicateurs est à la portée de tous. A l'heure d'Internet et grâce aux rubriques Relations actionnaires des sociétés cotées (du moins des plus grandes) vous pouvez, bien plus facilement qu'avant, compiler les données nécessaires à une prise de risques raisonnée.