Petit raccourci d'Analyse Financière
Comment appréhender la réalité économique et financière d'une entreprise à partir des chiffres qu'elle fournit ? C'est tout l'objet de l'analyse financière. Aujourd'hui, les sites internet des sociétés vous donnent accès à une masse très importante d'information sur les sociétés. Mieux, vous avez désormais accès à un résumé des comptes sur plusieurs années, voire une décennie. Il n'est pas inutile de rappeler quelques éléments d'analyse financière qui reste le socle à partir duquel vous choisirez les valeurs de votre portefeuille
Le Bilan et le Compte de Résultat constituent la matière première de votre analyse. Le premier est une photographie patrimoniale de l'entreprise à une date donnée (en général deux fois par an). Il permet d'apprécier sa solidité et sa solvabilité. Le compte de résultat récapitule l'ensemble des recettes (produits) et des dépenses (charges) de l'entreprise pendant un exercice. Il donne également des indications sur la croissance et l'évolution de la rentabilité de la société ; autant d'éléments essentiels dans le choix d'une valeur. Autre outil qui prend de plus en plus d'importance, le Tableau de Flux de Trésorerie mesure la disponibilité financière de l'entreprise.
Analyser le Compte de résultat Quelques définitions et ratios utiles Qu'est-ce que des comptes consolidés ?
Analyser le Bilan Quelles sont les ressources de l'entreprise ? Vous trouverez cette information au Passif du Bilan :
Comment ces ressources sont-elles employées ? C'est ce que décrit l'Actif du Bilan. C'est l'ensemble des biens, des créances et des disponibilités détenues par l'entreprise.
En période de forte variation des bénéfices, la Marge brute d'autofinancement (MBA) est souvent plus révélatrice que le résultat net sur la capacité d'une entreprise à dégager des excédents. La marge nette (c'est-à-dire la MBA moins les dividendes versés) correspond aux disponibilités de la société pour rembourser sa dette, investir et procéder à des acquisitions. Le ratio dettes à moyen long terme sur MBA indique le nombre d'années nécessaires pour annuler l'endettement. On considère que le résultat ne doit pas dépasser 3 voire 5 ans. En fait, il vaut mieux raisonner à partir de la Capacité d'autofinancement libre (ou Free Cash Flow) qui équivaut à la marge nette moins les investissements industriels et la variation du Besoin en fonds de roulement (BFR). Ce dernier mesure l'écart entre les besoins et les ressources dégagées par l'exploitation.
Analyser le Compte de résultat Il établit l'ensemble des produits et des charges de la société pendant une période donnée, la différence déterminant s'il y a bénéfice ou perte. Contrairement au Bilan qui est une photographie à une date donnée, le CR retrace l'activité de l'année (on dit de l'exercice) écoulée. Il faut bien distinguer trois parties : l'exploitation, le financier et l'exceptionnel.
Les rôles respectifs de l'exploitation et du financier dans la construction du résultat sont riches d'enseignements : des entreprises saines sur le plan de l'exploitation peuvent réduire, voire annuler leur bénéfice net à cause de charges financières très lourdes. Avec un résultat d'exploitation de 256 M€ en 2004 et une perte financière de 437millions, Eurotunnel constitue un cas d'école.
Quant au résultat net, il s'obtient en retranchant l'impôt et le résultat exceptionnel du résultat courant. Divisé par le nombre d'actions, ce résultat, quand il est positif, fournit le bénéfice net par action (BNPA). Une croissance régulière dans le temps de cet indicateur peut notamment inciter à se porter acquéreur de la valeur !
Les différentes composantes du résultat rapportées habilement au chiffre d'affaires donnent des indications essentielles sur l'évolution de la rentabilité et de la croissance de l'entreprise. Un indicateur est souvent beaucoup plus instructif : le résultat d'exploitation ou, plus précisément, l'excédent brut d'exploitation. En effet, cet indicateur mesure la rentabilité réelle de l'activité car il retire de la marge nette les dotations aux amortissements, les frais financiers et les impôts. La marge d'exploitation est donc souvent étudiée de près par les investisseurs car elle permet de mettre en perspective une amélioration ou une détérioration de la rentabilité, toujours liée à la productivité. Autre information à observer : le taux de distribution (ou payout ratio). Rapport entre les dividendes et le bénéfice net, il donne une indication sur la politique de distribution de la société. En principe, l'évolution de ces dividendes doit être conforme à celle des bénéfices. Les entreprises mènent fréquemment des politiques de lissage des dividendes. Elles consistent à maintenir leur niveau en période de baisse des bénéfices, voire même en cas de pertes, mais, à l'inverse, à les faire moins progresser que les bénéfices. De manière générale, les entreprises ont une politique cohérente de distribution et tentent de maintenir un taux plus ou moins constant quels que soient les aléas.
Notez que quels que soient les ratios que vous utiliserez (ratios de rentabilité, ratios de structure financière, ratio d'activité, ratio de liquidité…), ceux-ci ne vous fourniront d'informations pertinentes que dans la mesure où ils sont étudiés dans une optique comparative.
Capitaux propres = Capital + Réserves ou Actif total – Dettes = Actif net Qu'est-ce que des comptes consolidés ? Ce sont les comptes agrégés d'une société qui détient une ou plusieurs filiales. Seuls ces comptes permettent de traduire la physionomie financière d'un groupe. Ce sont eux que vous retrouvez dans le rapport annuel et sur lesquels travaillent les analystes. Depuis cette année, toutes les sociétés cotées doivent les établir en respectant les normes comptables internationales IFRS.
Il est indispensable que vous étudiiez les comptes d'une entreprise pour une raison simple : vous devez décider d'acheter, de conserver ou de vendre son action. Pour prendre une décision en toute connaissance de cause, un investisseur prudent examine comment se comportent sept indicateurs fondamentaux : 1. la croissance récente et probable des ventes 2. la croissance récente et probable des bénéfices 3. la part des bénéfices réinvestis 4. le poids de la dette 5. la capacité des actifs à générer des ventes 6. la capacité de transformer ces ventes en profits 7. la relation entre ces profits et le prix de l'action
Comprendre la signification de ces indicateurs est à la portée de tous. A l'heure d'Internet et grâce aux rubriques Relations actionnaires des sociétés cotées (du moins des plus grandes) vous pouvez, bien plus facilement qu'avant, compiler les données nécessaires à une prise de risques raisonnée.
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