L'Analyse Boursière

Les perspectives d'une entreprise sont appréciées à travers son cours de bourse et non plus à travers ses comptes consolidés. Voici quelques instruments spécifiques de l'analyse boursière.

Le Price Earnings Ratio, PER

 


 

 

Le Price Earnings Ratio

Symbolisé par les initiales PER (ou P/E), le Price Earnings Ratio d'un titre s'obtient en rapprochant le bénéfice de la valeur boursière de la société.

PER = cours de l'action / bénéfice par action (BPA)

Le multiple ainsi obtenu (le PER est aussi appelé multiple de capitalisation) indique donc combien de fois le bénéfice par action est contenu dans le cours ; en d'autres termes, combien de fois le marché capitalise les bénéfices de la société.


Exemple : une société a un PER 2006 de 15. Cela veut simplement dire que, au cours actuel, cette société vaut en Bourse 15 fois son bénéfice estimé pour cette année. On comprend aisément que le PER d'une valeur sera d'autant plus élevé que le marché anticipe une croissance forte de ses bénéfices.

Dire d'une valeur qu'elle est chère - ou au contraire bon marché - revient en fait à étudier le prix relatif que constitue son PER et non pas (l'erreur est pourtant fréquente) le« niveau » de son cours. Vallourec, par exemple, qui cotait 154 € le 10 août 2006, pourra-t-il être jugé moins cher qu'Iliad (56€) dont le PER est trois fois plus élevé (respectivement 10 contre 28).


Qu'est-ce que le BPA et comment le calculer ?

C'est la part du bénéfice net qui revient à une action ; donc théoriquement à chaque actionnaire. Le BPA est donc le bénéfice net hors éléments exceptionnels divisé par le nombre de titres composant le capital. Attention : nombre de titres entend actions ordinaires mais aussi certificats d'investissements, actions à dividendes prioritaires voire actions reflets. Le BPA se calcule à partir du bénéfice net part du groupe, c'est-à-dire après déduction des intérêts minoritaires.


Le PER prend tout son sens dans une optique comparative

Pour une valeur donnée, l'analyse de l'évolution de ce ratio dans le temps fournit un précieux repère historique. A conditions de marché constantes, l'observation des multiples des années passées donne en effet une vie d'ensemble du jugement du marché sur le titre. Un PER trop différent de la valeur moyenne observée peut laisser envisager une correction à venir. Des arbitrages sont alors peut-être à faire...

Cette logique d'écart par rapport à un PER moyen peut être conduite :
  • Par rapport à l'ensemble du marché. On parle alors de PER relatif qui est le rapport entre le multiple de capitalisation d'une valeur et celui de la moyenne du marché. Considérons que le PER du titre A est égal à 20 alors que celui du marché est de 16. Il en résulte que le PER relatif du titre A est de 20 divisé par 16, soit 1,25. On doit en conclure que, pour ce titre, le marché prévoit une croissance plus forte que la moyenne.
  • Par rapport au secteur d'activité de la société étudiée. Dans ce cas, le PER relatif est beaucoup plus pertinent puisque l'on compare une valeur par rapport à ses pairs. Il faut seulement espérer que la qualité de l'échantillon sectoriel soit bonne. Par exemple, dans le cas de l'automobile ou de la pharmacie, l'approche sectoriellene peut se faire au minimum qu'à l'échelon européen voire mondial.
Quelques PER par secteurs (2005)
Agro-alimentaire 15
Assurance 12
Banque 10
Distribution 14
Médias 15
Services publics 19
Technologie 18


Le PER est lié à la croissance des bénéfices

Même si le passé permet d'expliquer l'avenir, les PER historiques d'une société ne présentent qu'un intérêt limité. En matière de Bourse, tout est affaire d'anticipation. En l'occurrence, toute la difficulté revient à apprécier les résultats futurs de l'entreprise étudiée. De manière générale, forte croissance rime avec PER élevés. Surtout si la valeur jouit d'une grande visibilité dans la croissance de ses résultats. Il faut comprendre par là « stabilité » dans la croissance. Une forte progression des bénéfices une année ne garantira pas un PER élevé si les investisseurs n'ont pas une vision claire de l'avenir. A l'inverse, la régularité des taux de croissance confère une prime à une entreprise et lui permet d'amortir, voire de contrer les retournements du marché. Plus cette régularité - donc la visibilité - est grande plus le PER absolu et relatif sera élevé.

 


Mais la croissance ne suffit pas ; les qualités intrinsèques de l'entreprise sont primordiales. Si celle-ci évolue dans un marché en expansion, elle devra affronter une concurrence féroce. Elle peut être amenée à gagner des parts de marché par acquisitions et fragiliser, par conséquent, la structure de son bilan. Les investisseurs examinent de près le montant des dettes par rapport aux fonds propres et valorisent mieux les entreprises les plus solides, surtout si elles sont leaders sur leur marché.


Qu'est-ce que le PEG ?

 

On entend souvent les analystes parler de ratio PEG, de l'anglais « Price/Earnings to Growth ». Ce ratio sert à déterminer la valeur d'une action en tenant compte de la croissance estimée de ses bénéfices (en général sur les cinq prochaines années). Il se calcule donc de la façon suivante :

Ratio PEG = PER /Croissance annuelle moyenne du BNPA


Le PEG est un indicateur de lavaleur potentielle d'une action largement utilisée par les professionnels et même par les particuliers outre-Atlantique. Tout comme pour le PER, un PEG plus bas signifie que l'action est sous-évaluée. Gardez toujours à l'esprit que ces chiffres sont des projections et qu'ils peuvent être sujets à des révisions. Couramment disponible sur les sites financiers américains, la croissance moyenne estimée du BNPA sur 5 ans ne l'est toujours pas en Europe. C'est à vous de vous faire une opinion sur la base des résultats anticipés pour 2006 et 2007.

 


La prime de risque

 

Autre notion très utile pour décider d'un achat (ou d'une vente), le retour sur investissement est une mesure plus dynamique qu'un multiple de capitalisation somme toute plutôt aléatoire. C'est là qu'interviennent les notions de risque et de rendement. En effet, les investisseurs, et même les parieurs, ont habituellement une certaine aversion au risque. Ils préfèrent un gain relativement sûr à un gain bien plus important mais aléatoire (mieux vaut recevoir 100 euros qu'avoir une chance sur dix d'en recevoir 1000), selon l'adage « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ». De ce fait, les investisseurs exigent en général pour investir dans une entreprise que le rendement attendu soit supérieur à celui d'un placement non risqué, c'est-à-dire celui des emprunts d'Etat.

  • Cette différence de taux, ce revenu supplémentaire espéré exigé, est la prime de risque.
  • Le taux correspondant, qui est la somme du taux non risqué et de la prime de risque est le taux risqué

On constate cependant qu'en période de grande euphorie (bulle spéculative), la prime de risque s'annule (neutralité au risque) voire devient négative (recherche du risque). C'est exactement ce qui s'est passé à la fin des années 90.

 

Attention, le calcul de la prime de risque n'est pas une mince affaire. En effet, on l'a bien compris, deux paramètres interviennent dans le calcul. Le premier, le taux sans risque, est simple à déterminer. Ce n'est pas le cas du second - le taux risqué - qui exige que l'on calcule la rentabilité anticipée du marché français à partir d'un échantillon de société représentatif en actualisant les dividendes futurs estimés de chacune. En pratique, ce sont les banques et les courtiers qui se chargent de ce travail.
Même si vous n'êtes pas des mathématiciens chevronnés, vous pratiquez la prime de risque sans le savoir ; en fait de façon implicite et tout à fait naturelle. Quand vous détenez une action qui a monté fortement et rapidement, votre aversion au risque s'accroît d'autant et vous incite à prendre vos bénéfices et à placer votre capital vers un placement plus sûr. Même dans un marché fortement haussier, il arrive invariablement, comme en mars 2000, que la tension soit trop forte. Ce n'est pas pour rien si toutes les valeurs qui ont continué entre 2001 et 2003 étaient défensives.


Le rendement

 

Autre outil, avec le PER, au centre de l'analyse boursière, le rendement se calcule en rapportant le dividende par action au cours de bourse du titre :

Rendement = Dividende net /cours de l'action

En moyenne, les actions françaises offrent un rendement de l'ordre de 2,5 %. Avec la remontée des taux longs, rares sont les valeurs qui, comme France Télécom, offrent un rendement supérieur à celui des bons du Trésor (OAT) à 10 ans. Celles qui, comme les AGF, offrent un rendement supérieur au taux au jour le jour sont beaucoup plus nombreuses.
En tout état de cause, il convient de définir précisément les objectifs de son portefeuille et sa décomposition en découlera. Ainsi, si la recherche du rendement constitue un aspect que vous souhaitez favoriser, la proportion de valeurs à revenus fixes et, s'agissant des actions, de sociétés plus mûres à forte distribution de dividendes, devra être privilégiée. Dans une optique de moyen terme, le rendement seul ne peut suffire à justifier un choix d'investissement en actions auquel il faut intégrer la probabilité de bénéficier d'une plus-value.

 


La décote sur actif net

 

Pour apprécier les sociétés holdings, dont l'objet principal est de détenir un portefeuille de titres, les banques et les assurances, on utilise fréquemment l'indicateur de leur actif net par action. Une fois calculé, celui-ci est comparé au cours de bourse. Si la valeur d'actif est supérieure au cours, on dira de l'action qu'elle présente une décote sur actif net. Si elle est inférieure, on parlera d'une surcote sur actif net.

Exemple : Une holding cotée présente un actif net de 5 milliards. Son capital se compose de 100 millions de titres. L'actif net par action est donc de 50 euros. Or, il setrouve que le cours de cette valeur est de 45 euros. Il en résulte que l'on peut l'acquérir avec une décote de 5 euros. Un rabais de 10 % en quelque sorte !

 

Attention !
En matière de décision d'investissement, ne faire confiance qu'à sa seule intuition, qu'à son flair, pour choisir une valeur, ou ne s'en remettre exclusivement qu'au verdict de l'analyse détaillée de ses comptes, sont deux attitudes extrêmes qui peuvent conduire à bien des désillusions.
Si, certes, la première sélection est souvent intuitive, le choix d'une valeur doit s'appuyer sur l'observation d'un certain nombre de signaux. L'analyse fondamentale, financière et boursière du titre qui vous intéresse vous fournit ces repères. Il convient de savoir les interpréter. La FFCI vous recommande régulièrement des ouvrages afin que vous puissiez approfondir ces notions, en particulier celui de Gérard Blandin et ses 110 exercices boursiers.