Forex : Attention, jeux dangereux !

Attirés par des publicités agressives, les particuliers se lancent sur les marchés des changes. Pourtant, tout porte à croire que les chances de succès y sont plus que faibles.

Internautes et lecteurs de publications financières, il ne vous aura pas échappé que les publicités pour le Forex (acronyme de Foreign Exchange) - ou marché des devises - font florès depuis quelques mois. L'Autorité des marchés financiers (AMF) en a dénombré 145 entre avril et août 2011. Sans compter celles consacrées aux CFD (contracts for difference), et aux options binaires, une façon simplifiée de spéculer sur les devises et les indices, deux produits à fort effet de levier. En tout, près de 300 messages publicitaires en moins de cinq mois. Les autorités sont d'autant plus inquiètes - et la FFCI les rejoint sans réserve - que ces produits, qui ont été conçus pour des professionnels, sont extrêmement risqués et peuvent entraîner des pertes largement supérieures à la mise. Rappelons que toutes les études montrent de façon unanime que moins de 10 % des particuliers qui s'y essaient gagnent de l'argent.

Des effets de levier de 400

Indispensable au bon fonctionnement de l'économie et des entreprises, le Forex permet à ses dernières de se couvrir contre les fluctuations des monnaies. Rien à redire là-dessus. Rien non plus au fait qu'il soit devenu, au fil des années, un terrain de jeu très prisé des spéculateurs qui parient sur les yoyos yen/dollar ou euro/livre. Ce qui est nouveau - et inquiétant - est l'apparition d'une kyrielle de plateformes qui appâtent le chaland avec des publicités aguicheuses qui vantent les gains rapides et spectaculaires que l'investisseur peut réaliser sans l'avertir de l'ampleur des risques encourus. Basées en dehors de l'Union européenne, souvent en Russie ou en Israël, elles échappent à tout contrôle communautaire. Pire, certaines sociétés utilisent Chypre, à la législation souple et aux contrôles légers, pour bénéficier du Passeport européen.

L'AMF s'en inquiète sérieusement depuis 2010. « Le marché des changes est notamment présenté comme un moyen de gagner rapidement beaucoup d'argent sans risque, constatait récemment dans Les Echos Natalie Lemaire, directrice des relations avec les épargnant de l'Autorité. Cette approche commerciale est en décalage total avec le niveau de risque réel, très élevé. Ces produits s'adressent à des investisseurs expérimentés pouvant assumer des pertes potentiellement importantes et ne conviennent pas à la cible de clientèle très large visée par ces publicités, peu avertie des risques encourus ». Certains courtiers peu scrupuleux proposent même des leviers pouvant aller jusqu'à 400 fois la mise avec des pertes pouvant être très supérieures aux capitaux engagés, si l'on y prend pas garde. Et des gains pas toujours faciles à empocher.

AMF Epargne Info Service

Devant ces abus, un certain nombre de courtiers sérieux a décidé de réagir. Aux côté d'autres courtiers Actions, ils viennent d'élaborer la charte du courtage en ligne de l'ACSEL, l'association de l'économie numérique. Ce document se veut un label de qualité réservé aux professionnels respectant un certain nombre de règles : ils sont régulés en Europe, ont une présence stable en France, sont transparents vis-à-vis des autorités, s'assurent que les clients sont en mesure de comprendre les produits qu'ils leur proposent et d'en assumer le risque financier, et mènent une politique de communication responsable. De toute façon, si vous avez le moindre doute, n'hésitez pas à contacter AMF Epargne Info Service qui vous dira si le site du courtier est autorisé à intervenir en France. Comment ? Par téléphone au 01 53 45 62 00 du lundi au vendredi de 9 heures à 17 heures ou sur le site Internet de l'AMF : www.amf-france.org.

Achevé de rédiger en octobre 2011