A la recherche de l'entreprise citoyenne

Bien que encore marginal en France, l'investissement socialement responsable (ISR) se développe rapidement. S'il intéresse surtout les investisseurs institutionnels, la part des particuliers reste importante. Il y a même des clubs d'investissement qui suivent une stratégie ISR.

Si 2007 s'avère être un aussi bon cru que l'année dernière, alors on pourra raisonnablement affirmer que l'investissement socialement responsable (ISR) s'est durablement imposé en France. En effet, fin 2006, le marché français de l'ISR atteignait 16,6 milliards d'euros d'encours, en hausse de 88 % sur un an, selon les chiffres de l'agence Novethic. Certes, les institutionnels représentent la grande majorité des clients de l'ISR ; quant aux particuliers, si leur part s'élevait à 37 %, ils n'investissent qu'à travers des fonds dédiés ou d'épargne salariale.
Toutefois, comme le montre l'exemple du club TCA Investissement, un club d'investissement peut très bien mener avec succès une stratégie basée sur l'ISR et le développement durable. La principale difficulté revient à concilier deux préoccupations contradictoires : le rendement financier cher à l'investisseur, et l'éthique exigé par la démarche. D'où une certaine souplesse dans les critères de sélection. Aujourd'hui, la méthodologie la plus couramment utilisée consiste à éplucher un secteur et à ne retenir que les bons élèves qui anticipent mieux que les autres les risques sociaux, sociétaux ou environnementaux.
Ainsi, une entreprise polluante qui s'emploie sérieusement à réduire ses rejets d'oxyde de carbone pourra être éligible à l'ISR. Le club d'investissement s'avère un excellent véhicule pour pratiquer l'ISR. Il ne reçoit qu'une épargne marginale de chacun de ses membres qui s'en servent comme laboratoire pour leurs investissements personnels. Le club et l'ISR se rejoignent sur la nécessité d'un horizon de placement à long terme et n'attachent aux résultats trimestriels qu'une importance très relative. Les gérants spécialisés estiment d'ailleurs que la gestion de développement durable consiste à évaluer le potentiel d'une entreprise sur cinq à dix ans. Elle s'appuie sur l'étude des véritables facteurs de création de valeur à long terme qui, lorsqu'ils sont respectés durablement par une société, lui permettent de dépasser les performances de ses pairs.
L'indice ASPI Eurozone
INDICE ASPI

Depuis sa création, l'indice ASPI Eurozone a suivi et amplifié l'évolution des marchés. En 16 ans, il a connu une progression annuelle moyenne de 13 % contre 10 % pour l'indice CAC 40 (dividendes réinvestis).

De quoi s'agit-il ?

L'ISR consiste à sélectionner les entreprises dans lesquelles on souhaite investir à partir de critères financiers (rentabilité, endettement, perspectives...) et éthiques (respect de l'environnement et des personnes, transparence...). L'ensemble de ces critères repose sur le « développement durable » pour lequel tout modèle de croissance économique de long terme doit passer par le respect de l'Homme et de l'environnement, au nom de la protection des générations futures. Il y a deux façons principales de sélection des entreprises. L'approche négative consiste à exclure certaines activités (tabac, nucléaire ou armement) ou les entreprises implantées dans un pays qui ne respecte pas certains critères. L'approche positive, largement utilisée en France, qui est fondée sur la recherche dans chaque secteur d'activité des entreprises les plus avancées en matière de développement durable, à l'aide d'une grille de critères précis.

Pour en savoir plus

Afin d'aider les investisseurs à évaluer les entreprises les mieux placées en matière de responsabilité sociale, plusieurs agences de notation indépendantes ont vue le jour en France : BMJ Core Ratings, Innovest et, la plus importante, Vigeo. Cette dernière a lancé en 2001 un indice boursier de développement durable - ASPI Eurozone - qui regroupe 120 sociétés européennes (dont la plupart des membres de la FFCI) et qui a progressé de 9 % sur les neuf premiers mois de 2007. À lire également, l'édition du 5 octobre de la Vie financière sur les « valeurs vertes ».