Savoir anticiper la reprise

Aldo Sicurani, Secrétaire général, Fédération Française des Clubs d'Investissement

A l'heure où j'écris ces lignes, en cette mi-octobre, les marchés semblent enfin sortir d'une fin d'été calamiteuse. Tiraillés entre les incertitudes politiques aux Etats-Unis et les errements des gouvernements de la zone euro, bousculés entre les dégradations des agences de notation (voir notre dossier page xx) et les incertitudes sur la croissance en 2012, les investisseurs individuels ne savent plus vers quel saint se tourner. Certains ont choisi l'or mais, comme souvent, un peu tard au point de s'y brûler les doigts ces derniers mois. D'autres,  séduits par des publicités aux promesses illusoires, s'essaient au marché des devises où ils ne récoltent que plaies et bosses à défaut de gains.

La crise que nous traversons est celle des Etats et non des entreprises qui en sont les victimes et non les actrices comme cela avait été souvent le cas il y a dix ans lors de l'éclatement de la bulle Internet. Après la reprise - probablement avortée - de 2009/2011, elles abordent 2012 en bien meilleure santé financière qu'en 2007. Certes, les bénéfices des sociétés du CAC40 ne seront peut-être pas aussi bons en 2011 que ceux de l'année dernière (84 milliards) mais ils s'en approcheront. A mi-octobre, l'indice phare parisien capitalise donc environ dix fois les bénéfices prévus cette année. C'est peu puisque la moyenne historique de ces trente dernières années est à douze. Ce pourrait être justifié  si les pays développés entraient en récession en 2012. Est-elle évitable ? D'aucuns le pensent et proposent des solutions parfois radicales.

Dans un tel contexte, que devez-vous faire ? Surtout, ne pas être inactif. C'est la pire des attitudes. A moins de penser que nous vivons le grand soir du capitalisme et que les actifs financiers (et dans ce cas-là immobiliers aussi) ne vaudront bientôt plus rien, il faut revenir sur le marché des actions. Rappelons que le temps des actionnaires individuels n'est pas celui des institutionnels qui sont souvent obligés de vendre pour des raisons prudentielles ou pour répondre aux besoins en liquidités de certains de leurs clients. Toute chute excessive doit être mise à profit pour garnie son portefeuille quand on sait que certaines grandes entreprises valent moins que la moitié de leurs fonds propres, que la valeur de leurs participations ou que le prix de quelques gros avions ! La raison et l'ordre finiront par prévaloir et ceux qui auront su anticiper seront les grands gagnants.

 

Achevé de rédiger en octobre 2011