Une pluie de dividendes

 Malgré le quasi doublement des bénéfices en 2010, la hausse des dividendes sera plus raisonnable car pendant les années de vaches maigres, les sociétés ont maintenu un taux de distribution parfois très élevé. Trop selon certains.

 

Ce n'est pas encore un record mais presque. Avec 82,6 milliards d'euros de bénéfices nets cumulés, les entreprises qui composent l'indice CAC 40 retrouvent le sourire après deux années noires. Et leurs actionnaires aussi. Certes, les valeurs vedettes restent à plus d'un jet de pierre des 96,1 milliards de bénéfices nets de 2007 mais le rebond de 85 % enregistré l'année dernière est suffisamment rare dans les annales pour être salué. Cette amélioration des profits a concerné pratiquement toutes les entreprises avec en tête, Renault, AercelorMittal, Michelin ou Société Générale. Des entreprises qui, il est vrai, avaient été sévèrement touchées par la crise. Résultat de ce retournement, toutes les sociétés composant l'indice phare parisien sont dans le vert, hormis Alcatel-Lucent qui reste le seul groupe en perte malgré un très net redressement de sa rentabilité.

C'est en particulier dans les secteurs cycliques, comme l'automobile, la sidérurgie ou la banque, que ce phénomène a été le plus sensible. Ainsi, par exemple, les résultats du compartiment financier du CAC (BNP Paribas, Société Générale, AXA, Natixis et Crédit Agricole) passent de 10 à 17,4 milliards d'euros sur un an. Une amélioration qui avait été anticipée par les boursiers dès la fin du premier trimestre 2009 tant les valorisations avaient été massacrées à la suite de la crise des subprimes et, surtout, de la faillite de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers. A preuve, le quadruplement des cours de Bourse de Natixis en moins de deux ans ou le triplement de ceux de la Société Générale et de BNP Paribas.

2011, une année plus calme
Les restructurations et autres réductions de coûts n'expliquent pas à eux seuls ce rebond comparable, dans son ampleur, à celui de 2003 qui avait suivi l'éclatement de la bulle Internet. Certes, cet effort a été important. Mais les entreprises du CAC 40 sont avant tout des groupes mondiaux dont certains font à peine 10 ou 15 % de leur chiffre d'affaires en France et souvent plus de la moitié hors de l'Union européenne. Leur dynamisme est donc tiré par celui des économies émergentes. Ainsi pour un nombre notable de groupes, la hausse de l'activité a été proche de 20 %. Ca été en particulier le cas pour LVMH, Essilor International, Publicis ou Michelin. Selon les calculs du cabinet Ricol Lasteyrie, cité par le quotidien Les Echos, les facturations des 40 plus grandes entreprises françaises ont totalisé 1 270 milliards, soit une hausse moyenne de 9 %. Une belle performance au vu de la faible croissance du PIB dans la plupart des pays de l'UE l'année dernière.

Autre élément qui explique l'amélioration sensible des comptes des entreprises, la baisse significative de l'endettement net. Elle atteint 22 % dans les sociétés non financières de l'indice, à 225 milliards. Ce qui a permis de ramener le ratio moyen dette nette sur capitalisation boursière de 28 à 23 % à fin 2010. Non seulement les entreprises avaient abordé la crise dans une bien meilleure situation financière qu'à la fin brutale de l'euphorie des années 90 mais elles abordent la reprise avec des bilans encore plus sains.


Cela dit, il ne faudra pas s'attendre à une répétition de tels scores cette année. Avant même les événements tragiques du Japon, le consensus des analystes anticipait une hausse de 14 % des bénéfices en 2011 pour les sociétés du CAC. Ce qui devrait leur permettre de retrouver peu ou prou les sommets de 2007. Pour peu que cette prévision se réalise. Ce qui est loin d'être certain. On a déjà vu de quelle manière les valeurs du luxe, de l'électronique et de l'automobile avaient été affectées par le tremblement de terre au Japon. Sans parler de l'impact qu'auront sur la croissance la flambée des matières premières et du pétrole, les incertitudes géopolitiques et un nouvel accès de faiblesse du dollar.

Des sociétés toujours généreuses
Malgré la crise financière, rares ont été les entreprises à tailler dans les dividendes, voire à carrément les supprimer. Du coup, les taux de distribution des bénéfices ont explosé en 2009 pour passer largement au-delà des 50 %. Avec la forte hausse de la rentabilité, ils vont repasser mécaniquement sous cette barre. On s'attend toutefois à un bon cru avec plus de 40 milliards distribués, selon les estimations moyennes des analystes. Certains groupes vont reprendre les versements, tels Renault, EADS, Natixis et PSA. Hormis le Crédit Agricole, les sociétés financières vont sensiblement les augmenter. C'est le cas de Société Générale et de BNP Paribas. Beaucoup, comme Total, France Télécom, Vivendi ou Bouygues, devraient servir le même dividende que l'année dernière. Il est vrai, qu'ils n'avaient pas réduit leur effort dans la tourmente. Il reste que cette générosité atteint ses limites au moment où les sociétés ont besoin d'investir pour créer de la valeur et ne pas se faire rattraper par une kyrielle de nouveaux concurrents fort voraces.

La trésorerie étant reine, beaucoup d'entreprises vont de nouveau proposer le paiement des dividendes en actions. Technique à laquelle la FFCI a toujours été très favorable puisqu'elle encourage l'actionnaire à réinvestir automatiquement et elle dégage des marges de manœuvre pour la société. Tout le monde y gagne puisque c'est alors l'action à long terme qui est privilégiée.

CAC 40 : Un bon cru probable en 2010
 Dividende 2009 (€)Dividende 2010 (€)Var. %Rdt 2010 (%)
FRANCE TELECOM1,41,40%9,05
VIVENDI1,41,40%7,16
NATIXIS00,23NS5,63
VEOLIA ENVIRONNEMENT1,211,210%5,49
GDF SUEZ1,471,52%5,48
UNIBAIL RODAMCO880%5,4
TOTAL2,282,280%5,4
SANOFI AVENTIS2,42,54%5,06
BOUYGUES1,61,60%4,77
AXA0,550,6925%4,72
SUEZ ENVIRONNEMENT0,650,650%4,47
BNP PARIBAS1,52,140%3,95
VINCI1,621,673%3,88
CREDIT AGRICOLE0,450,450%3,82
EDF1,051,1510%3,76
SOCIETE GENERALE0,251,75600%3,74
CARREFOUR1,081,080%3,38
PPR3,33,56%3,23
ALSTOM1,241,2-3%3,07
MICHELIN11,7878%3
DANONE1,21,38%2,94
SAINT GOBAIN11,1515%2,85
SCHNEIDER ELECTRIC2,053,256%2,8
AIRLIQUIDE2,252,354%2,56
CAP GEMINI0,8125%2,46
LAFARGE21-50%2,37
STMICROELECTRONICS0,280,21-25%2,31
ARCELOR MITTAL0,520,568%2,25
L'OREAL1,51,820%2,2
TECHNIP1,351,457%2,09
PERNOD RICARD0,51,34168%2,05
ACCOR1,050,62-41%1,93
LVMH1,652,127%1,91
PUBLICIS0,60,717%1,83
PEUGEOT00,5NS1,8
VALLOUREC1,751,3-26%1,78
ESSILOR INT'L0,71,81159%1,57
EADS00,21NS1,06
RENAULT00,3NS0,74
ALCATEL LUCENT00NS0
Rendements calculés sur la base des cours au 22/03/11 mars

 

 

 

 

 

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Rédigé en mars 2011 par Aldo Sicurani