INTERVIEW 

Qui êtes-vous ?

LC : Je m'appelle Laurent Curau, j'ai 27 ans et je suis le co-fondateur de Cafedelabourse.com. J'ai un master en finance de l'ICN, la Sup de Co Nancy. Juste après le diplôme, je suis parti vivre deux ans au Royaume-Uni où j'ai travaillé dans une agence de publicité web. Cela m'a permis d'apprendre des techniques de marketing sur Internet qui me sont précieuses aujourd'hui avec Cafedelabourse.com.

LY : Je m'appelle Louis Yang, j'ai 28 ans, titulaire d'un master en finance de l'ICN, j'investis sur les marchés financiers depuis 10 ans. J'ai débuté en Bourse dans la salle de marché de Wargny, Place de la Bourse. Je suis également membre du club d'investissement Inseec Partners.

Pourquoi avez-vous créé le site boursier Cafedelabourse.com ?

LY : Cafedelabourse.com est un site communautaire d'opinions, d'analyses et de conseils boursiers. Notre site propose les analyses d'investisseurs particuliers ou d'experts qui partagent de manière totalement transparente leur analyses et conseils.

Café de la Bourse est un site convivial où les investisseurs privés peuvent échanger de manière constructive sur leurs idées d'investissement. Nous avons voulu proposer une alternative aux sites de bourse "classiques", en offrant une plateforme entièrement gratuite où tout le monde peut prendre librement part au débat.

Notre ambition est de reproduire à la sauce Web 2.0 le succès de Stéphane Matthieu, ancien ICN et fondateur de Boursorama.

Quelles fonctionnalités offre Café de la Bourse ?

LY : Cafedelabourse.com propose également une section pédagogique, un forum, une plateforme d'annonces d'emploi finance, un libre accès à notre portefeuille trading réel pour suivre en direct nos prises de position sur les marchés financiers. Nous organisons aussi des conférences et des formations autour de l'investissement en bourse.

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la Bourse ?

LC : J'avais tout juste 17 ans lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la Bourse. Ce fut d'abord par pure curiosité, puis j'ai attrapé le virus de la Bourse ! Avant 2000, rappelons-le, il fallait souvent un modem 56k et la connexion Internet était payante avec une facturation à la minute. La démocratisation de l'ADSL m'a donc permis de faire mes recherches d'investissement boursier sans garder un oeil en permanence sur ma montre. Cela peut paraître anecdotique aujourd'hui, mais ça ne l'était pas du tout à l'époque.

J'ai d'abord commencé par boursicoter avec un portefeuille virtuel puis, dès que j'ai commencé à gagner ma vie, j'ai investi un petit capital en Bourse. Au-delà des plus et des moins-values générées, investir avec de l'argent réel est surtout un excellent moyen de se familiariser avec le fonctionnement de la Bourse. J'ai fait mes premières erreurs très tôt. L'expérience que j'ai accumulée à mes débuts m'est très utile aujourd'hui que j'investis un plus gros capital.

LY : J'ai commencé à investir en Bourse avec de l'apparition des premiers courtiers en ligne comme Self Trade à la fin des années 1990. Internet a révolutionné l'investissement en Bourse. Les particuliers disposent désormais de véritable station de trading leur permettant d'avoir les mêmes outils de pris de décision que les professionnels. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'on utilise, comme moi, l'analyse technique dans ses prises de position. L'analyse graphique et les indicateurs de tendance m'ont toujours intéressé. Ils sont très utiles pour déterminer les meilleurs points d'entrée sur un sous-jacent par exemple.

Par ailleurs, dans ce contexte de perte de confiance générale avec la multiplication des scandales financiers, Internet permet à chaque boursicoteur de se faire sa propre opinion loin des analyses souvent formatées des journaux financiers.

Que pensez-vous de la formule club d'investissement pour les actionnaires individuels ?

LY : Je pense que rejoindre un club d'investissement est un très bon moyen pour débuter en Bourse.

Cette formule offre de nombreux avantages :
• On peut démarer  avec un petit capital tout en prenant des positions significatives (au sein d'un club d'investissement, jusqu'à 20 personnes peuvent mettre en commun leurs fonds).
• On peut échanger avec d'autres investisseurs avant d'investir. En effet, nous utilisons tous des analyses différentes (graphique, fondamentale, actualité, etc.) et des stratégies différentes en termes de timing ou de money management.
• On peut également rencontrer d'autres passionnés de Bourse d'age et d'horizon différents !

Pensez-vous que la crise actuelle soit une opportunité pour le développement de la pédagogie boursière auprès des actionnaires individuels ?

LC : De toute évidence, la crise actuelle aura fait de nombreux déçus. Les actionnaires individuels que nous sommes, attirés par la montée des cours de ces dernières années, aurons franchi le pas et investi notre épargne en Bourse. Il est naturel de faire des erreurs, à condition que l'on veille à ne pas les reproduire.

Dans le contexte de crise actuelle et de moins-values latentes, il y a donc indéniablement une opportunité pour proposer une pédagogie pratique aux actionnaires particuliers afin de les aider à protéger leur capital à moyen terme et le faire fructifier à long terme.

Il me paraîtrait bienvenu d'inclure cette pédagogie boursière dans un apprentissage plus large de la gestion de ses finances personnelles. Car, rappelons-le, la Bourse n'est qu'un investissement parmi de nombreux possibles.

Selon vous, quel est l'avenir de la Bourse sur Internet ?

LC : L'internet a révolutionné l'actionnariat individuel. Il a rendu la Bourse facilement accessible aux particuliers. A coté de cela, l'automatisation du passage d'ordre a permis aux courtiers et aux places de marchés comme Euronext de faire baisser les prix des transactions. La croissance fulgurante des débits de l'ADSL va permettre aux courtiers en ligne de proposer des outils sans cesse plus complets et dynamiques à leurs clients particuliers. Ces derniers auront, comme les professionnels de la Place, accès à la Bourse en temps réel à l'aide de véritables plateformes de trading.

En parallèle, l'explosion de la quantité d'information disponible en temps réel sur Internet risque de noyer l'internaute et de le pousser à faire des investissements à court terme. Nous risquons tous une "myopie". Il sera donc crucial de savoir faire le tri de l'information et de garder le regard rivé sur le long terme.

Je pense également que grâce à l'internet, nous verrons l'actionnariat individuel se rajeunir. Les nouvelles générations, notamment celles nées avec l'internet, prendront en main eux-mêmes la gestion de leur patrimoine. C'est indéniablement une grande tendance qui se déploie sous nos yeux en ce moment.